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Le coeur de l'horloge La classe d'écriture du Conservatoire de Rennes
Bach pédagogue

La méthode Bach d’enseigner la composition était tout aussi sûre et excellente. Il ne commençait point, comme les maîtres de musique de son temps, par enseigner de secs et inutiles contrepoints ; encore moins retenait-il ses élèves sur les calculs des proportions numériques des sons, choses qui, dans son opinion, n’étaient point faites pour le compositeur, mais convenaient plutôt au pur théoricien ou aux facteurs d’instruments. Il les mettait de suite à travailler la composition à quatre parties sur une basse continue ; il insistait particulièrement pour que ses élèves retranscrivissent séparément les quatre parties, de manière à leur rendre évident le dessin de la progression pure de l’harmonie. Il passait ensuite aux mélodies chorales ou aux chants des psaumes. Il écrivait la basse des exercices qu’il donnait à ses élèves, laissant à ceux-ci le soin de composer seulement la partie d’alto ou de ténor ; il leur donnait plus tard la permission de mettre les basses. Il insistait particulièrement sur la pureté et la liaison naturelle de l’harmonie et la facilité mélodique de toutes les parties. Les connaisseurs savent quels modèles il a laissés lui-même en ce genre ; ses parties intermédiaires sont souvent si douces et mélodieuses qu’on s’en pourrait servir en place de parties extrêmes.


Bach et le nombre

Des notes, des chiffres, des lettres...
Une pyramide avec une toute petite porte... 

La question de la symbolique numérique chez Bach - qui ne devrait intéresser, à mon sens, que ceux qui ont  auparavant joué, lu et médité amplement sa musique -  a provoqué, depuis plus d'un siècle, des recherches dont le livre Bach et le nombre (Kees Van Houten et Marinus Kasbergen) a constitué une étape importante.
En effet, les conclusions de ce livre sont telles qu'on ne peut que s'en démarquer a priori.
Selon KVH (je résumerai les deux auteurs par ce signe, par commodité), Bach utilisa la gématrie dans ses compositions, c'est-à-dire en utilisant des chiffres-symboles, reliés à trois champs lexicaux :
- son identité ( ex : Bach = b + a + c + h = 2 + 1 + 3 + 8 = 14)
- des textes rosecroix du début du XVIIe siècle (les noms du fondateur supposé, Chrisian Rosencreutz, une épitaphe qu'il fit graver dans son tombeau)
- ses dates de vie et de mort (en calendrier grégorien et en calendrier rosicrucien).

Paradoxale, la dernière affirmation fit le tour du monde rapidement. Pour ma part, je connus, encore élève, cette rumeur d'une supposée prescience de Bach et  la reléguait dans un coin de ma tête... à l'étage "ésotérie, astrologie, sectes ou attrappe-croyants".
Ce n'est que récemment que je m'attelai sérieusement à ce livre dans le but d'en démontrer (dans ma thèse de doctorat) les limites, les parti-pris ou erreurs, que je croyais déceler facilement.
Ce ne fut pas le cas...

Quoique un examen attentif m'a fait remarquer certaines omissions (nombres-Bach, placements de l'épitaphe), l'essentiel m'a paru musical et sensé.
Un argument nouveau assez étonnant m'est apparu et peut, il me semble, nous permettre d'avaliser une des thèses de KVH : dans le contrepoint 14 de l'Art de la fugue, la fugue Bach symbolise bien la vie du compositeur grâce à l'égalité année grégorienne = n ° de mesure.

C'est l'objet d'un article paru dans L'Éducation musicale mars-avril 2010 :
UNE PREUVE DU SYMBOLISME NUMÉRIQUE CHEZ JOHANN
SEBASTIAN BACH: LE CONTREPOINT XIV DE L'ART DE LA FUGUE

 Pour les notes de bas de page qu'une nécessaire concision m'a fait supprimer, voir ici.
Pour la liste des nombres-Bach oubliés par Kees Van Houten et Marinus Kasbergen (p. 13)
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Quelques citations sur J.S. Bach.
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Des liens utiles :
-Thèse de Indra Nicholas Martindale Hugues (université d'Auckland, 2006) : soutenant que le contrepoint XIV serait achevé avec 47 mesures (se basant, entre autres, sur des ratios 1.4, entre les parties. (en anglais, avec, à la fin du fichier pdf, la copie du manuscrit de Berlin). Une petite remarque à ce sujet.
-Site web de Hervé Lauret et Jacques Fischer : Symbolismes numériques, mélodiques, harmoniques
-Site web de Rémi Schulz : calculs sur le nombre d'or, coïncidences (très) diverses, et plein d'autres choses.
-Une communication de Walter Corten : Bach et le Nombre : mythe du XXe siècle ? tiré du colloque LA RHETORIQUE ET LE NOMBRE (Peyresq, juin 2000).
-Une page d'un forum, en anglais. La seconde.
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Vos remarques sont les bienvenues sur cette page.




David Lamaze